Dans toute formation en comptabilité, l’on voit le concept du goodwill. Le goodwill, qu’on désigne également par la survaleur ou l’écart d’acquisition, résulte de la différence entre l’actif net du bilan d’une société et sa valeur sur le marché.
C’est aussi le surplus du coût d’acquisition sur la quote-part de l’acquéreur, réalisé lors d’une transaction de prise de participation ou d’une fusion et ce conformément aux normes IFRS3.
Autrement dit c’est l’écart entre le coût d’achat et la valeur économique d’une structure et qui représente un avantage futur découlant d’un rachat.
La survaleur est enregistrée au niveau des immobilisations incorporelles, dans le but de rapprocher l’actif du bilan de sa valeur réelle sur le marché. Lorsque la différence entre le prix d’acquisition et sa valeur économique est négative, on parle de badwill.
L’enjeu du goodwill
Le goodwill peut être assimilé au fonds de commerce. Il remplace en effet le terme survaleur qui a été utilisé dans les années 70.
Son estimation se fait sur la base des perspectives de rentabilité des investissements entrepris par une société, tout en prenant en considération ses positions sur le marché.
Lorsque les perspectives ne sont pas bonnes et que l’investissement a une valeur inférieure à l’actif net, on parle alors de badwill.
La survaleur représente une valorisation stratégique financière de l’image de marque, de la notoriété, du savoir-faire et de la performance d’une société.
Il s’agit donc de mesurer les atouts incorporels à sa disposition. C’est ce qui permet d’expliquer qu’une firme réalise une rentabilité supérieure au bénéfice normal.
Au départ, le terme goodwill signifie clientèle ou achalandage. Mais depuis sa signification s’est élargie pour permettre de différencier une structure déjà existante et bien installée, d’une nouvelle qui vient de démarrer et qui doit s’imposer.
Outre la notion de clients, le goodwill englobe aujourd’hui la confiance des fournisseurs, des collaborateurs et de tous les partenaires.
Le goodwill constitue l’écart entre l’évaluation économique et l’évaluation comptable. Dans le cas où la différence est positive, elle est considérée comme une immobilisation incorporelle particulière.
Avec le développement technologique et l’innovation, le goodwill est devenu un actif déterminant pour les entreprises.
Impact de l’amortissement
L’amortissement représente la perte de valeur des immobilisations et il influence négativement le résultat net de l’acquéreur. L’enquête qui a été menée sur 46 sociétés françaises parmi les plus importantes, a souligné que plus la survaleur est élevée, moins il y a de chances que l’investissement génère de la valeur et moins le cours de bourse sera favorable.
Dès lors le goodwill doit être pris sérieusement en compte par les investisseurs. Les entreprises qui doivent appliquer les normes IFRS n’ont pas la possibilité d’amortir le goodwill.
Elles doivent vérifier que la valeur comptable est inférieure à la valeur réelle, autrement elles procèdent à la dépréciation du goodwill. Conformément aux normes françaises la survaleur est amortie sur une durée maximum de 20 ans.
Mais en cas d’indice de perte de valeur, il faut procéder à un test de dépréciation. Dans certaines situations il y a possibilité d’imputer l’écart d’acquisition sur les capitaux propres consolidés de l’acquéreur.
Le goodwill, une survaleur générée par des éléments passés et futurs
La gestion est l’essence même du goodwill qui résulte de la combinaison des éléments humains, stratégiques, financiers, économiques et comptables.
Pour mieux comprendre la constitution du goodwill, il convient de dispatcher ce dernier en survaleurs passées, présentes et futures. La survaleur réelle résulte de la confrontation de la survaleur théorique et celle du marché qui émane de la comparaison de l’offre et de la demande.
Lorsqu’on parle de la survaleur présente d’origine passée, elle réunit tous les éléments comptables, stratégiques et humains. Le plus souvent on se réfère à la composante comptable qui résulte de la différence entre le coût historique et la valorisation actuelle de l’actif.
Le goodwill revêt une grande importance en termes de positionnement sur le marché, d’implantation, de clients ciblés, de recherche et développement, entre autres. Même sa présence dans les écritures comptables est peu perceptible.
Plusieurs facteurs incorporels comme la notoriété de l’entreprise, son image de marque, les prestations qu’elle fournit à ses clients, ses avantages concurrentiels et sa synergie ont de la valeur, mais ils ne figurent pas pour autant au niveau du bilan.
Ce dernier ne met pas en avant les ressources humaines en termes de compétences, de savoir-faire, de formation, de réseautage et de savoir-être. C’est pourquoi le processus d’acquisition se base sur une connaissance profonde de l’entreprise achetée.
Et dans ce cas le goodwill est un élément important qui tient compte de la valeur des composants incorporels et avantages que représente la structure acquise.
En ce qui concerne la survaleur présente d’origine future, elle tient compte des aspects financiers, stratégiques et humains. Ces deux derniers éléments sont considérés en termes financiers, car ils génèrent des gains futurs et préviennent les pertes.
En définitive, il s’agit de procéder à une évaluation des éléments, qui d’habitude ne sont pas pris en considération.
Le goodwill peut-être perçu comme le résultat futur actualisé ou être assimilé à des gains potentiels. Dans le domaine comptable il y a le principe de prudence et c’est la raison pour laquelle le goodwill n’est pas comptabilisé.
Il s’agit d’un potentiel économique futur actualisé qui tient compte du risque évalué et de la rentabilité attendue. Il convient de souligner que la rentabilité doit toujours être alignée au risque. C’est dans cette perspective que le goodwill concrétise le couple rendement-risque où la réévaluation du nouveau niveau de risque sur les rendements à venir.
Prenons par exemple une entreprise non cotée qui présente une rentabilité élevée, associée à un niveau de risque faible. Dans ce cas sa valeur d’achat doit être révisée, car il n’est guère logique de se référer à sa valeur comptable uniquement. C’est le même principe que dans la valorisation boursière des entreprises cotées.
Le goodwill représente un outil d’arbitrage risque-rentabilité future. Il tient compte non seulement de la comptabilité consignée, mais aussi des facteurs humains, économiques, stratégiques et financiers actuels et à venir. Il sert au réajustement de la valorisation selon l’offre et la demande du marché.
Exemple illustratif
Prenons par exemple une société A qui procède à l’acquisition d’une structure B au moment de la bulle internet, vu qu’elle présente des perspectives non négligeables.
L’actif immobilisé de la société B est peu fourni, il affiche à peine quelques ordinateurs et un serveur. Au moment où le passif du bilan enregistre une perte, associée aux salaires des développeurs et une campagne publicitaire en plus des dettes.
Même si l’actif net de la société B est négatif, l’entreprise A a versé un million d’euros pour l’acquisition du site, du capital humain et d’autres composants immatériels.
L’opération d’acquisition figure dans les immobilisations financières de l’entreprise A. Or la consolidation des comptes de la société B doit entraîner normalement la suppression du million d’euros, étant donné que la structure acquise ne possède que quelques ordinateurs et des dettes.
La différence doit être consignée sous forme de goodwill à l’actif de l’entreprise A, en reconnaissance de la dépense d’un million d’euros dans l’acquisition de la société B.
Mais il y a possibilité que les employés de cette dernière choisissent de quitter leurs postes après la fusion. Il est possible aussi que la campagne publicitaire échoue et qu’il n’y a pas eu acquisition de nouveaux clients. De même il est possible que la technologie de la société B soit utilisée pour le développement du site de la société A, entre autres situations.
Dans ce cas, ce sont les commissaires aux comptes qui doivent procéder à la vérification des livres de l’entreprise A, en vue de s’assurer de la valeur actualisée des gains futurs, susceptibles d’être générés par la structure B.