Certaines personnes ont beaucoup de mal à affronter la foule et les premiers symptômes de leurs difficultés se manifestent à travers des jambes flageolantes, un rythme cardiaque effréné, des mains moites, une voix chevrotante, entre autres signes d’inconfort.
Or la prise de parole en public est un facteur de succès dans le milieu professionnel que ce soit pour une entrevue d’embauche, une réunion de travail ou une conférence de presse. Pouvoir prendre la parole devant un public nécessite un vrai art oratoire et un bon contact établi avec l’auditoire. Ci-après quelques astuces pour maîtriser les mécanismes de la prise de parole.
La peur de la prise de parole
L’appréhension de parler en public
Il est tout à fait humain de ressentir une certaine peur ou appréhension lors de la prise de parole en public. Un tel sentiment est lié à l’ego de la personne et à un besoin de reconnaissance et d’acceptation. Tout un chacun souhaite être écouté, compris et accepté et c’est ce qui génère cette peur, même si l’attitude de l’auditoire n’est pas un élément déterminant dans le déclenchement de cette sensation. On peut éprouver des tremblements et des bégaiements devant un auditoire tout à fait acquis à notre cause.
L’enjeu personnel
Le ressenti de la personne gagne plus d’importance lorsqu’il y a un grand enjeu personnel et c’est ce qui peut faire varier l’appréhension. On ressent plus d’anxiété lorsqu’on brigue une promotion et qu’on doit prononcer un speech lors d’un congrès international en anglais, devant le CEO et le top management de l’entreprise. Or cette anxiété s’atténue lorsqu’on se trouve dans cette même situation mais qu’on a déjà démissionné et qu’on s’apprête à quitter la structure. Lorsque l’avenir ou la crédibilité de la personne est en jeu et qu’elle se trouve obligée de réussir, la peur s’en mêle.
Pour réussir à prendre la parole de manière efficace et plus aisée, il faut vaincre les mauvais réflexes à travers :
L’identification des automatismes déclencheurs
La peur de l’échec émane du cerveau qui amorce des mécanismes de défense automatisés. Il s’agit notamment de : la fuite, le repli sur soi ou l’ouverture aux autres. La prise de parole nécessite une préparation et un entraînement qui se base sur une prise de conscience des mauvais réflexes et le fait de les désamorcer pour les remplacer par d’autres plus positifs. Il faut se libérer de l’appréhension pour entrer en communion avec le public et entamer une réelle conversation avec lui.
La priorité au contenu, une erreur à éviter
En général la personne qui souhaite parler devant un public, se concentre plus sur le contenu ou le texte plutôt que sur la création d’un contact avec l’auditoire. Or il s’agit d’une erreur à éviter car il s’agit plus d’un repli sur soi ou sur ses pensées. C’est une défense établie par le cerveau notamment dans une situation de prise de parole, qui se concentre de manière exagérée sur les mots. Alors qu’il s’agit d’une situation sociale où il faut donner la priorité à la mise en relation et l’établissement du contact et non pas à ce qui doit être dit. En donnant la priorité à la communication, l’échange devient plus naturel. Et même dans le cas où la personne se trouve dans l’incapacité à répondre à une question, ceci n’est pas considéré comme problématique. C’est tout le contraire lorsqu’on se focalise sur le contenu, dans ce cas le cerveau se préoccupe plus de ce qui doit être dit.
Par la suite, la personne commence à s’inquiéter de manquer d’idées et c’est à ce moment-là qu’elle peut perdre ses moyens. Elle se hâte à chercher l’information dans les notes prises ou la présentation sur Power Point et lorsque la panique s’installe, elle peut commencer à bégayer et la respiration devient inversée. En effet en état d’anxiété, on respire avec le haut du corps au lieu d’utiliser le diaphragme comme d’habitude. C’est cette mauvaise respiration qui se transforme en hypo-oxygénation et qui cause les tensions musculaires, les tremblements des jambes ou des mains, les sensations de chaleur ou de froid, le rougeoiement, la transpiration, l’élocution erratique, les trous de mémoire, entre autres symptômes caractérisant la panique lors de la prise de parole. Le plus important dans un discours ou une présentation est l’auditoire qui doit prendre plaisir à l’écoute. Donc il faut veiller à son confort.
La barricade des notes
D’habitude pour préparer un discours ou une présentation, il est très fréquent de prévoir des notes, mais malheureusement ces fiches aident très peu ou pas du tout dans un tel exercice. En préparant un paquet de feuilles ou une présentation Power Point surchargée, on risque de se perdre. A un tel moment, on ressent le besoin de consulter les notes, regarder le Power Point et en même temps on doit faire face à son auditoire. Au fil des minutes le discours perd de l’intérêt et devient monotone car on oublie de regarder le public.
On prend plaisir à écouter une personne car il se passe quelque chose dans l’interaction. Ceci dit, il est très important de préparer un discours ou une intervention pour un public. Il faut penser à la structuration des idées, mais aussi aux questions à soumettre à son auditoire pour l’impliquer et l’inciter à l’interaction. Lorsque la structure du speech est établie et qu’il est bien digéré, il serait temps de préparer un petit mémo avec quelques chiffres clés à citer ou une anecdote à partager avec l’auditoire au moment opportun.
L’entraînement à la gestion de la relation
Une intervention devant un auditoire requiert de la préparation et un bon entraînement pour pouvoir gérer la relation avec le public.
Les conseils à suivre pour la prise de parole en public :
En vue de contourner le piège de donner la priorité au contenu, il convient d’avoir un entraînement adéquat en vue d’adopter les bons réflexes. Il faut donc agir sur trois variables à savoir l’autre, le temps et l’espace.
Le premier élément est l’autre qui est le public, qui représente la seule difficulté dans la prise de parole en public. Pour dépasser ce problème, il faut faire de l’autre un partenaire. Se focaliser sur l’auditoire le pousse à l’écoute instantanée. Dans ce type de situation, il faut privilégier la communication beaucoup plus que la parole. Dès lors, le discours se passe à travers l’interaction avec le public, alors que le contenu lui-même devient très secondaire.
Ceci se passe à travers l’attention qu’on accorde au public, la manière dont on le regarde et le temps qu’on consacre pour l’établissement d’un lien de qualité. Il convient donc d’éliminer le « je » du pitch afin de rendre la relation plus facile. Le public souhaite être entendu et être impliqué et concerné. Et c’est dans ce sens qu’il faut mettre en place la structure du discours. Ce dernier doit apporter des réponses aux interrogations de l’auditoire et faire le lien entre l’intervention et sa présence. Il faut emprunter la parole de ce public et lui parler dans ses termes en utilisant son langage. C’est pourquoi il convient d’utiliser plus le « vous » pour le substituer au « je » dans le but de réduire la distance avec l’auditoire.
2. Se taire pour mieux parler
Il y a toujours cette angoisse omniprésente avant chaque prise de parole devant le public. Et il serait vain de tenter de s’en débarrasser. Les artistes et les sportifs de haut niveau ressentent toujours le trac, mais savoir le gérer permet de mieux exploiter ses moyens et se concentrer plus dans le but d’aboutir sur la meilleure performance possible.
Dans le cas de la prise de parole, la première chose à faire est de se taire. Ceci paraît paradoxal mais c’est la meilleure chose à faire, afin de mieux assimiler son entourage et ce que l’on reçoit. Le but est de pouvoir entrer en contact avec lui, à travers un échange de regards ou de sourires avec quelques personnes présentes dans l’assistance.
3. Adopter le bon rythme
Après l’observation d’un moment de silence avant le début de la présentation ou du discours, il faut penser à gérer le temps qui est un paramètre important pour réussir sa prise de parole en public. Il est impératif de gérer le temps de la parole et celui du silence en adoptant le bon rythme.
Pour mieux contrôler son rythme, il convient d’être calme au début de la prise de parole, avant d’enchaîner avec trois ou quatre phrases courtes, tout en veillant à respirer entre les phrases en utilisant le diaphragme.
Pour réussir cet exercice, il serait judicieux d’imaginer un auditoire malentendant qui doit lire sur les lèvres de l’orateur. Cet exercice incite l’interlocuteur à parler lentement et distinctement sans faire de longues dissertations. Autrement le public serait dans l’incapacité de le suivre.
Le but est de ne pas se focaliser sur ce qu’on dit mais sur le public et son confort d’écoute. En adoptant cette démarche on oublie instantanément sa peur et son anxiété.
4. S’exprimer
Le troisième élément à gérer est l’espace, qui est un facteur primordial pour l’orateur. Ce dernier doit réduire l’espace le séparant de son public et il doit amener l’auditoire à soi, surtout que le public ne peut se concentrer au-delà d’une minute et demi. Et c’est l’orateur qui doit lui apporter le plaisir et le confort d’écoute. Il doit créer les conditions nécessaires pour réussir cette mission et garder l’attention de son auditoire en procédant aux ajustements qui s’imposent en fonction des circonstances.
Il convient d’adopter les principales approches du gestuel, et ce en fonction de la réaction des interlocuteurs. Des astuces qui permettent d’attirer l’attention du public et de l’inciter à l’écoute, soutenir cette dernière ou le pousser à s’ouvrir plus à la parole.
Voici la méthode pour parler à travers les gestes :
- Aller chercher l’attention : Dans ce cas l’orateur doit s’adresser au public en faisant un geste de la main ouvert vers l’auditoire. C’est un geste spontané sollicitant l’attention de son vis-à-vis et l’incitant à l’écoute.
- Soutenir une attention mollassonne : L’orateur doit faire un geste avec les deux mains comme pour soulever un objet d’une trentaine de centimètres depuis le nombril vers le sternum. Il s’accompagne d’une voix légèrement plus élevée avec un accent tonique. Ceci permet de relever le niveau d’écoute.
- Inspirer la détente à quelqu’un qui est fermé ou ressentant de l’inconfort : Il peut utiliser une gestuelle différente en ouvrant les mains depuis le sternum vers l’extérieur. Ce geste invite à la relaxation et à la détente.
Ces gestes constituent un effort à fournir de façon consciente pour amener l’auditoire à suivre le discours et à y prêter plus d’attention sur une plus longue durée.
5. S’entraîner sur la posture et la respiration
Lors d’un discours devant le public, il faut accorder une grande attention à la posture et à la respiration qui sont des éléments déterminants. Adopter une posture droite garantit une meilleure circulation de l’air. Il convient aussi d’avoir un bon maintien au niveau du dos et de la sangle abdominale sans tendre le menton vers l’avant afin d’avoir une bonne résonance de voix.
Dans le but d’avoir une bonne portée de voix, la respiration ventrale doit être travaillée. Lorsqu’une personne ne respire pas convenablement, sa voix a du mal à sortir, elle est mal placée et atone. D’où la nécessité de bien s’entraîner sur la respiration diaphragmatique.
6. S’adresser à un individu à la fois
Pendant une présentation ou un discours, il serait inutile de s’adresser à une masse, d’ailleurs il n’est pas possible de parler à tout le public en même temps. C’est anxiogène en plus d’être risqué. Il faut souligner l’intention des propos et pour réussir cette mission, il est impératif de s’adresser à une seule personne à la fois. Il serait plus pertinent de citer chaque phrase en s’adressant directement à une seule personne de la foule, en changeant le point d’appui à chaque respiration et en parcourant le public de droite à gauche en passant par le centre. Le plus important est de choisir un seul point d’appui à la fois.
7. Parcourir l’auditoire
Comme il a été précisé précédemment, il faut parler à une personne à la fois, mais il faut veiller à avoir un bon angle pour embrasser l’ensemble de l’auditoire du regard. Si certains préfèrent bouger, cette pratique est déconseillée, car pour le public il est très fatigant de voir quelqu’un bouger sans cesse depuis un point fixe.
La prise de parole est une performance qui s’appuie plus sur le comportement que sur le contenu. C’est ce qui explique que des individus peu instruits et peu éloquents réussissent leurs discours ou leur présentation, car ils jouent sur la qualité de la relation établie avec leur auditoire. Il faut savoir parler au public en créant de l’écoute et de l’empathie pour mieux le séduire et l’envoûter.