Contrairement à ce qu’on peut croire, devenir manager n’est pas une idée qui séduit tout le monde. C’est ce qui a été confirmé par une étude menée en 2017 par Audencia Business School avec la collaboration de l’institut d’étude BVA. En effet, seuls 20% des employés s’intéressent au poste de manager.
D’un autre côté, l’étude entreprise par Manpower group en 2016, révèle que 6% des jeunes désirent assurer la gestion d’une équipe. Dès lors, on constate que depuis quelques années déjà, de moins en moins de personnes ont envie de s’occuper du management d’une équipe de collaborateurs. Si la promotion à une position de manager constituait jusque-là une suite logique dans une carrière, il paraît que la génération Y ne s’y intéresse pas beaucoup.
Une telle réticence peut être justifiée par les responsabilités à assumer dans le cadre de l’exercice des tâches et missions d’un manager. Car outre les objectifs fixés à réaliser, il faut gérer l’équipe de travail, motiver les collaborateurs, résoudre les différents problèmes qui se pointent, gérer les tensions et les conflits et assurer le bien-être de ses collaborateurs, entre autres.
L’étude réalisée par Audienca Business School, démontre que 79 % des travailleurs n’ont aucun souhait d’occuper le poste de manager. 61% des personnes sondées ont une crainte du stress, alors que 56% leur pèse la lourdeur des tâches administratives au moment où 42% sont préoccupés par le manque de reconnaissance.
Une telle tendance s’est accrue suite aux crises successives qui ont marqué l’économie et qui ont mis à mal la stabilité des entreprises. C’est pourquoi la position de manager ne séduit plus, c’est tout le contraire. L’avancement à une position de responsabilité est souvent décrié par les salariés qui assument mal la verticalité dans le milieu professionnel surtout en ce qui concerne l’aspect relatif aux qualités humaines.
A ce propos d’après le sondage, 62% des employés attendent d’un manager qu’il soit capable de motiver son équipe. Tandis que 49% estiment qu’il doit maîtriser son domaine de compétences, en plus de faire preuve d’équité et de bienveillance.
Ceci dit, 63% des travailleurs estiment qu’ils ne disposent pas des qualités et compétences managériales. L’un des exemples à citer est celui d’Allison Hékimian qui a avancé dans sa carrière de Global Communication Manager chez Storefont, sans occuper pour autant la position de manager. Elle assure qu’elle ne désirait pas devenir chef d’équipe, car il faut la fibre managériale qui n’est pas donnée à tout le monde, c’est une qualité dont sont dotées certaines personnes seulement.
En général, lorsqu’on évoque l’avancement professionnel, la notion est immédiatement associée à un poste managérial. Un concept qui trouve son fondement dans la hiérarchisation du fordisme. Mais un tel cliché perd graduellement du terrain surtout avec l’avènement de nouveaux concepts et techniques managériaux et les mutations qui ont marqué le milieu de l’entrepreunariat, surtout dans les start-ups. En effet, le fonctionnement de ces structures a effacé les limites imposées par la structure hiérarchique archaïque pour valoriser plus le bien-être sur les lieux du travail.
L’épanouissement et l’évolution d’un employé ne passe pas nécessairement par l’accès au poste de manager, comme l’illustre le cas d’Allison. Cette dernière qui préfère se sentir à l’aise seule en s’occupant des choses qui correspondent à sa personnalité et ses aspirations, au lieu de devoir gérer une équipe sous prétexte que c’est dans la suite des choses. Occuper le même poste pendant une trentaine d’années n’est plus une ambition, surtout dans un contexte où les entreprises changent et les parcours professionnels aussi.
Ci-après quelques solutions palliatives à l’évolution managériale, qui s’appuient sur l’acquisition de nouvelles compétences et sur l’opérationnalité.
Développer son expertise
L’une des alternatives à la position de manager est de consolider ses compétences et connaissances pour devenir expert dans le domaine. En reprenant l’exemple d’Allison Hékimian, elle voulait monter en compétences et avoir l’aptitude de gérer plusieurs marchés. Elle a évolué d’assistante pour devenir opérationnelle et assurer la gestion des marchés en France, en Asie et en Océanie.
Dans son cas, l’avancement de carrière tenait plus de l’acquisition de compétences tout au long de sa vie professionnelle et dans des milieux variés, au lieu de lancer sa carrière dans le cadre d’une évolution hiérarchique. En effet dans ce dernier cas, elle serait passé de stagiaire à assistante, puis au poste de manager et ensuite de directeur.
Allison souligne que la génération actuelle est très versée vers la mutation professionnelle tout au long de sa carrière. Ce changement constitue une évolution en acquérant de nouvelles compétences et en se testant sur différentes industries et secteurs. Dès lors, chaque travailleur doit veiller à l’amélioration de ses compétences et l’affinement de ses connaissances de façon permanente en rencontrant d’autres confrères, en participant à des forums et des conférences, etc.
Miser sur l’intrapreneuriat
D’après Allison, elle ne s’imagine pas dans le poste de manager qui doit établir des stratégies et participer à des réunions tout au long de sa journée. Ce serait une source d’ennui pour elle, surtout qu’elle préfère contribuer effectivement et être impliquée dans la réalisation des tâches par elle-même.
Elle estime que ce qui ne lui donne pas envie d’exercer le métier de manager est que l’individu ne fait plus ce qui constitue l’essence ou le cœur de son métier. Pour les personnes qui ne sont pas intéressées par le fait de gravir les échelons tout en voulant à donner de l’élan à leur carrière, elles peuvent choisir le travail en mode projet ou l’intrapreunariat.
Dans ce cas, l’employé gère une équipe de travail pour réaliser un objectif commun, mais sans évoluer hiérarchiquement. C’est un moyen pour acquérir des compétences, être opérationnel, utiliser de nouveaux outils et éventuellement se découvrir une passion pour le management.
Rejoindre un nouveau service
Lorsque l’employé pense qu’il n’a plus rien à apprendre dans un poste, il peut toujours opter pour un changement de service. Un tel choix va lui permettre de déployer ses acquis et son savoir au sein d’une nouvelle équipe. Une évolution horizontale et la polyvalence sont de plus en appréciées surtout dans le cadre d’une start-up.
Certains salariés occupent le poste de manager à contre cœur car c’est la suite logique dans l’avancement d’une carrière. Or cette logique ne fait pas l’unanimité, surtout que bon nombre de travailleurs de nos jours changent de cap et se distinguent dans certains milieux. Le changement de service dans le cadre d’une mobilité interne horizontale permet l’émergence de profils atypiques qui se démarquent des autres et dont l’épanouissement professionnel passe par l’occupation de différents postes.
Pour les individus intéressés par un changement de service, ils ont intérêt à procéder à un bilan de compétences et à rester au courant des besoins internes des autres services ou départements. D’ailleurs de nombreuses structures adhèrent à cette tendance en envoyant les annonces à tous les employés pour les informer de la disponibilité d’un poste vacant à pourvoir. Les salariés intéressés peuvent alors postuler en toute liberté.
Devenir entrepreneur
Un tel choix peut paraître paradoxal pour quelqu’un qui cherche à évoluer professionnellement sans passer par la position de manager. Mais il y a une différence entre gérer une équipe de collaborateurs dans une structure et se trouver à la tête de son entreprise.
En étant un entrepreneur, la personne sera amenée à embaucher du personnel, mais il peut toujours choisir de les gérer ou pas. Dans les start-ups, on a tendance à supprimer la hiérarchie pour permettre aux travailleurs de s’autoréguler en misant sur la motivation et l’implication de l’équipe de travail.
Être un manager nécessite certes des qualités personnelles, mais c’est aussi une compétence à acquérir à travers les formations. Le principal frein à l’occupation d’un poste managérial est la peur de ne pas bien faire et de ne pas être à la hauteur. L’individu doit se libérer de ses peurs et se lancer dans cette aventure en s’appuyant sur l’aide de ses cadres et collègues. En cas de besoin, il peut faire appel à un coach spécialisé dans le domaine des RH et les transitions professionnelles.